Recueil de poèmes : N'aimer que si (janvier 1993 à mai 1994) (55)
DEUXIEME SECTION :
L'ABAT-JOUR
(mars à juin 1993)
Poème 8 (55ème du recueil) : (sans titre)
une nuit sans rien d'autre à faire
que d'attendre les larmes
allongé sur un banc
rien à faire il ne pleurera pas
et les désespérés qui se bousculent en lui
ne s'exprimeront pas
rien à faire non
l'air est quand même doux cette nuit
le canal est trop vert pour se jeter dedans
et le train trop lumineux
pour soupirer sous les rails
en fermant les yeux
en attendant les tonnes
non rien à faire
attendre la fatigue et l'oubli
rêver de lunes glacées et de femmes enceintes
ne plus lire
ne plus rimer
l'air est doux il a beau pester
l'air est doux
"qu'il est doux de parler de mort à vingt ans"
avait-il écrit quand il rimait
il fallait un jour ou l'autre
balancer l'imagination au vide-ordures
c'est fait il ne lui reste plus que l'attente
et la corde du pendu enroulée tout au long de sa vie