résolution de sieste
Au sortir d'une sieste solitaire et secrète, en soupente, tout mon corps encore abasourdi semblait accepter l'idée de mon destin à remplir, de ma vie vierge à contrôler.
Dans mes songes, deux grandes figures se disputaient. Au terme d'une lutte sans merci, la plus fourbe triompha, écrasant l'autre, qui avait dû avoir un moment d'absence, ou comprendre que le jeu n'en valait pas la chandelle.
Je remplirai donc bien tous les trous de ma vie d'une pratique permanente et passionnelle du jeu vidéo de poche de mon téléphone portable, vestige parmi tant d'autres des objets que nous partagions Dulcinea et moi, oui, à partir de ce jour, le sixième d'après ma mort, je consacrerai tout mon temps à la maîtrise du rapide et tortueux serpent pixélisé pour lui éviter tous les murs et obstacles vers lesquels sa folie et sa croissance exponentielles tendent à le propulser afin de s'y fracasser continuellement le crâne. Je lui ressemble tellement à ce "snake"...
La deuxième figure, plus raisonnable, n'était guère plus reluisante, il s'agissait du carré latin magique, noble ancêtre du sudoku.