Recueil de poèmes : N'aimer que si (janvier 1993 à mai 1994) (62)
DEUXIEME SECTION :
L'ABAT-JOUR
(mars à juin 1993)
Poème 15 (62ème du recueil) : (sans titre)
la nuit même aux recoins des cités
semblait s'éterniser
les femmes de l'aurore marchaient sur les mains
le long des boulevards
devant les grands magasins lumineux
leurs seins s'échappaient mine de rien
des chemisiers blancs
il posait son livre
"je suis seul comme une pierre"
et s'accoudait au garde-fou
la poitrine à l'envers brillait sur les flaques
d'huile et d'eau
et leurs rires leurs rires montaient jusqu'au balcon
"seule comme une pierre" tombait à l'eau
et il se frayait un chemin dans les rêves éveillés
jeune alors il vibrait
les chimères étaient quasi permanentes
mais le décollage périlleux et rare
"Une odeur de pourriture rose et vaste
monte du sol"
seul comme une pierre tombale
il paraphrasait sans cesse les rimes d'antan
jusqu'à ce que ce jour maudit
priva de son coeur les battements nécessaires
dénuement les pauses l'abat-jour
il n'y a plus de poudre d'escampette
reste la mort et encor
comme si de rien n'était
comme si