Roman : Carnet d'esquisses. 1999 (8)

CARNET D'ESQUISSES - 1999

Partie 8

dimanche 10 mai

          J'aurais dû écrire "Vive le Stade Toulousain !", parce que l'autre Stade (Français) nous a écrasés 39-3...

           Le printemps se décide enfin à chauffer l'air.

           La lettre traîne, traîne sur mon bureau.

         J'ai souvent l'idée de photocopier des passages des analyses (moyennes) du Que sais-je sur la BD pour Nico et puis les souvenirs freinent l'idée. L'image de cet enfant dans L'Incompris de Luigi Commencini remonte : il se douche, termine, appelle sa mère pour le sécher à plusieurs reprises, puis, il se souvient qu'elle est morte...

         J'en étais à la description de son appartement ?

       Après la demi-heure de bavardages, on entamait le travail, je lui faisais lire les dialogues qui avaient évolué, lui, cachait ses dessins jusqu'au dernier moment, comme pudique.

        Je ne décris pas l'appartement... Enfin, ajoutons qu'une fois que Nico l'a quitté, cet appartement, pour Angoulême, trois semaines après, je le reprenais, après une brusque rupture avec mon amie. Dans ses 18m2, sans télé, ni radio, mes journées coulaient. La solitude immédiate surprend. Finies les douceurs, les coups de gueule, maintenant, ce placard, seul, sans Nico non plus évidemment, parti pour sa formation de dessin animé... Quand je suis retourné chez mon amie pour la énième fois quatre mois plus tard, je suis resté con devant le vide du studio, sans comprendre...

           Un mois plus tard, la mort de Nico... cet appartement vidé de nos deux présences...

         J'ai côtoyé le vide dernièrement, je crois qu'écrire dans son carnet permet de le remplir. Vide des pages blanches, du studio, de Nico, de la BD qui retombe à son néant, des jours, des nuits... Je n'imagine que ce matin, en écrivant, que ses parents ont dû vider l'appartement qu'il occupait à Angoulême...