27 février 2012
Le temps du feu
Comme face à son ancien public, il ne devinait pas les regards des automobilistes impatients. A peine orange, il s'installait sur la route, son chapeau et ses boules de jonglage déjà en action. Les moteurs masquaient les échos des radios enfermés dans l'habitacle. Et ça virevoltait, chapeau, balles en l'air, au sol, rebondissant devant les capots. Trois quatre cinq boules, le sourire toujours démesuré, marqué au maquillage rouge. Les conducteurs visaient toujours la couleur du feu, feignant de ne pas profiter du spectacle de ce pantin en queue-de-pie. Il dégainait son chapeau vers les vitres closes dix secondes avant le passage du feu. Une ou deux seulement s'ouvraient pour l'obole, juste de quoi entretenir sa maigreur.
Publicité
Publicité
Commentaires
S