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Sine linea
27 avril 2014

L'été des poissons volants, déception et échos

     Rompu à tous les films, tous les rythmes, toutes nationalités, tous genres, années et tons, je suis désolé de ne pas participer à la mode du moment qui consiste à survaloriser les petits films aux dépens des plus gros, de considérer que le cinéma est mort, que la parole créatrice est muselée et agonisante.

     Difficile d'entendre ces réalisateurs qui sont parvenus à sortir leurs films mais qui se plaignent à longueur de temps des problèmes de diffusion (Amélie van Elmbt et autres plaintifs). Oui c'est dur, mais ça l'a toujours été. Quand je le répète à droite à gauche, personne ne me croit, je passe pour un dinosaure du cinéma disparu. Oui, c'est dur, ça l'était pour Fellini, Godard...

     Ce petit billet mériterait un long développement, mais je ne parlerai que du film L'été des poissons volants (El Verano de los Peces Voladores) de Marcela Said. C'est typiquement le film qui pourrait être fort, bien filmé, percutant, nouveau. Mais il manque toujours quelque chose à l'intention narrative. Trop de hors-champs, de non-dits, de hors-vus, de non-vus. Un film puzzle qui ne pourrait constituer un portrait, un paysage, trop morcelé, tous les morceaux ne combinant pas entre eux.

     Rompu à la narration éclatée, à la pluri-narrativité, je vois bien avec déception que ce film aux louables intentions ne parvient pas à ses fins. Ni le titre, ni la progression, rien ne se propose à être saisi, juste du temps passé à filmer et à monter, comme ça vient, mal. Des perles, des pépites du bout du monde j'en ai vu beaucoup, mais là, on passe à côté, la tension n'est pas tendue à cause de tout ce vrac.

     Un film qui me fait penser à celui-là mais dont le propos finit par nous frapper malgré des errements évidents de narration (mais errements qui aboutissent contrairement à cet Eté) est étrangement L'Esprit de la ruche (El Esperitu de la colmena) de Victor Erice. On s'y sent mal, pris par cette lenteur mais on en ressort changé, concerné.

    Un autre film, pas pour le rythme cette fois mais pour l'aspect éclaté, qui fonctionne en plein, Exotica d'Atom Egoyan, on ignore les motivations des personnages, la raison de leur mal-être, et tout se révèle au fur et à mesure du film, monté comme un bijou sur une bande-son magistrale. Ici, avec cet Eté, du bric-à-brac, une bande-son à revoir...

     Ce qui pèche avant tout c'est le scénario, le choix de la monstration. Travailler davantage serait possible, éclairer le propos, écrire simplement...

     Combien de documentaristes se complaisent dans le choix d'une écriture morcelée ? Il faut nous embarquer, quelque soit la taille des ficelles !

     Cela fonctionne, c'est une question de rythme et d'emportement ! Trois exemples de réalisatrices travaillées par le documentaire : difficile d'entrer dans Les Lendemains de Bénédicte Pagnot, mais cela marche ! De l'ennui pendant Corpo Celeste d'Alice Rohrwacher, mais quelle beauté permanente dans notre souvenir ! Des maladresses avec L'autre côté de la mer de Dominique Cabrera, mais ça décolle, longtemps après encore !

     Mais bon, je suis indécrottable, je pleure encore après la beauté de Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander) d'Ingmar Bergman et regrette le maniérisme de Michael Haneke avec Le Ruban blanc (Das weiße Band)...

     J'aime le cinéma mondial, total, divers, mais faites-nous rêver ! Comme avec Le Vent en emporte autant (El viento se llevó lo qué) d'Alejandro Agresti. Gardez vos si pauvres Le Facteur (Il postino) de Michael Radford, Chatrak (Mushrooms) de Vimukthi Jayasundara ou cet Eté et montrez-nous des poissons volants dans un été chilien éclatant !

 

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