recueil poétique : une grande fatigue (3 : lavé du silence)
une grande fatigue
alors je tape comme on joue du piano
je critique ceux qui ne me remplissent pas
je n'ai rien à dire je ne remplis personne
mais je parle ça défoule
tellement lu que je vois ce qui n'accroche pas
je préfère trois mots à trois cents pages
un haïku à un roman
j'ai vu ce que c'était de remplir du vide
on tapisse on tapisse
tout l'été j'ai fait ça en rédigeant un roman
à mon tour
autant coupable de creux et de tapisserie
ce qui se passe c'est que ce n'est pas le même robinet
quand le roman pisse la poésie se tarit
et inversement
être amateur m'a sauvé plusieurs fois du ridicule
mon insuffisance est le miroir des autres
même famille de débauchés
avec un petit chapitre on s'y croit
la poésie est intérieure
le roman court les rues
je ne veux plus me commettre
disparaître à nouveau derrière les grands
et bader bader
tant pis si leurs ombres m'écrasent
si les personnages me piétinent
je disparais sous eux
pour que le silence nous lave
un temps comme une révolution