gorge déserte
Repris hier dans la salle d'attente du médecin-chimiste la lecture de la poétesse Nelly Sachs après des mois d'absence. Eclipse d'étoile m'avait retourné, je n'avais jamais lu pareille élégie, même si j'avais fini lassé à force de répétitions incantatoires. Je suis resté un quart d'heure sur deux poèmes hier matin, les deux premiers de Exode et métamorphose, première section : Et personne n'en sait davantage, De fugitif et d'exode (1952-1956) :
fin du premier :
Les lèvres contre la pierre de la prière
toute ma vie j'embrasserai la mort,
jusqu'à ce que le chant de la semence d'or
brise le roc de la séparation.
extrait du deuxième :
Elles jettent des racines
dans les yeux des fugitifs,
les choses abandonnées,
et la porte restée ouverte se tait,
corde vocale perdue, au seuil
de la chambre, gorge déserte.