Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sine linea
5 décembre 2017

des mots de rien...

     Je continue à jouir tout doucement de la poésie de Guy Goffette, des phrases disséminées en vers, en strophes qui ne correspondent pas au rythme des périodes; les images semblent légères, polies par le décalage et la fulgurance, et tout s'envole étrangement au détour d'un nouveau tour de passe-passe.

     Touché au coeur en lisant Éloge de Robert Frost, mon voisin, s'articulant sur ce que le poète aurait cru savoir avant de développer ce qu'il reconnaît finalement ne pas savoir. De quoi parlent ces ignorances ? De la poésie, de l'enfance, dans une dérive toujours plus douce.

 

Éloge de Robert Frost, mon voisin

 

J'ai cru longtemps comme toi qu'il suffisait de toucher

le bois d'une table pour marcher avec la forêt,

 

de caresser le galbe d'une statue pour donner

un corps tout neuf à l'amour, de croquer

 

un fruit vert pour que s'ouvre à nouveau

le jardin de l'enfance et que la mer appareille

 

qui était blanche comme tout ce qui endure

sans parler le feu des longs désirs.

 

                                                   J'ignorais

 

que là où l'enfant peut entrer de plain-pied

un mur se dresse que le temps a bâti

 

avec nos coeurs aveugles, avides, nos belles

promesses, nos serments de papier,

 

et c'est celui-là même où nos rêves se brisent

que tu défais, poète, pierre après pierre,

 

avec des mots de rien, des mots de peu

que les pluies ont lavé, les silences taillés

 

comme un diamant dans la lumière des jours.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sine linea
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 118 907
Publicité