Jeune Poésie 1988-1991 : 2 Alcool et Hallucination (2 Vivre ou mourir)
Vivre ou mourir
Sur ma bouteille rose, ivre à vie je voyage,
Je croise des hippocampes qui se pavanent
Dans l’air frais et doux de ces infinis nuages
Coiffés du chapeau mou du rêveur Paul Cézanne.
Là-haut, tout là-haut dans les astres bleus la lune
M’attend, ronde et majestueuse, m’aimant moi,
Eternel buveur de la beauté de ses dunes,
Servant la lune-reine t la bouteille-loi.
J’aime me trimballer en jeune troubadour
Ivre de son litre et de sa pleine musique
Chantant et chuchotant une chanson d’amour
Dont les paroles sont coupées de petits « hic ».
Après les hippocampes voici les fiers paons
Qui tout autant qu’eux se pavanent dans le ciel,
Farfelus et fous dans le vide se jetant
Et se rattrapant à des femelles de miel.
Là, me voici la lune, n’attends plus, j’arrive,
Prépare ton lit de soie et viens m’accueillir
De tes bras charmants et de tes hanches, mes rives
Où mon corps aime à s’échouer, mon cœur à jaillir.
Tout tourne autour de moi comme autant de lumières
Brillent dans ma tête pleine d’images roses ;
Je crois m’envoler mais je tombe sans manière
Par terre et dans le sommeil sans rêve, morose.
Je me réveille, las et tremblant, tout me pèse
Et à présent, cadavres, crabes, araignées
Se promènent dans mon lourd crâne, ma falaise
Où ils tombent et résonnent pour me saigner.
Comment nier, oublier ces moments d’ivresse
Où j’allais léger comme une plume de paon
Vers ma lune ; oui je veux la revoir et je laisse
Mourir ces araignées, ces gens tristes rampants.