- deux jours d'orage trente-deux poèmes - (3) (recueil de poèmes : août 2018)
3
dans une herbe haute
pour notre corps-tête
devenu fourmi
sentir la nécessité
sortir de la sente
pour trouver ce qu'il faudra ramener
au poème
sous l'herbe sèche
la feuille le caillou
le mégot
tirer le bloc des mots
serré dans nos mandibules
quand ça coince
tourner se retourner
dessus dessous à l'envers
lâcher même un temps le bloc
tourner toujours sur nous-même
repérer les autres files les sentir
bloquer tout encore
repartir
la plaine de terre semble aisée parfois
rester sur ses gardes
serrer le bloc
jusqu’au trou du poème
sortir dès qu’on peut
de l’effet Sisyphe
c’est au-delà
que ça se joue
parvenir aux bordures
les monts puis la vulve
croiser ceux qui en sortent
descendre s’enfoncer
le bloc pincé toujours
descendre jusqu’au noir des carrefours
là où ça s’opère
les autres nous-mêmes
inconnus de nous-même
prennent le tout
et plus bas encore
désagrègent agencent rient de la matière
à la fois remonté
à la fois redescendu
décomposant composant
à la fois la vulve
la fourmilière
la fourmi
mot vers
anaphore qui perce
à la fois ce rien ce tout
tout se dessine
la colline des sentiments contrariés
les rêves revus
le suc des frustrations innombrables
les mers fertiles – intranquilles
les chevaux en furie
avec ou sans strophe
rimes ou non
le corps-tête exulte
la fourmilière vivra encore un temps
aussi long que court
l’espace-temps exact du poème