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Sine linea
27 octobre 2018

Si beau, encore !

     A lire et relire ce que j'ai trouvé de plus beau en poésie depuis bien longtemps : Jardin de poèmes enfantins (A Child's Garden of Verses) de Stevenson :

 

The dumb soldier

 

When the grass was closely mown,
Walking on the lawn alone,
In the turf a hole I found,
And hid a soldier underground.

Spring and daisies came apace;
Grasses hide my hiding place;
Grasses run like a green sea
O’er the lawn up to my knee.

Under grass alone he lies,
Looking up with leaden eyes,
Scarlet coat and pointed gun,
To the stars and to the sun.

When the grass is ripe like grain,
When the scythe is stoned again,
When the lawn is shaven clear,
Then my hole shall reappear.

I shall find him, never fear,
I shall find my grenadier;
But for all that’s gone and come,
I shall find my soldier dumb.

He has lived, a little thing,
In the grassy woods of spring;
Done, if he could tell me true,
Just as I should like to do.

He has seen the starry hours
And the springing of the flowers;
And the fairy things that pass
In the forests of the grass.

In the silence he has heard
Talking bee and ladybird,
And the butterfly has flown
O’er him as he lay alone.

Not a word will he disclose,
Not a word of all he knows.
I must lay him on the shelf,
And make up the tale myself.


Traduit par Jean-Pierre Naugrette (très belle postface à lire aussi, en fait,
comment ne pas avoir ce livre dans sa bibliothèque ?), ça donne ça :

Le soldat muet

Un jour où l'herbe était tondue,
Marchant tout seul sur le gazon,
Dans l'herbe un trou j'ai vu
Y cachai un soldat de plomb.

Vinrent printemps et pâquerettes ;
Les herbes cachent ma cachette ;
L'océan vert envahit tout
Le gazon jusqu'au genou.

Il gît tout seul sous l'herbe,
Levant ses yeux plombés,
Habit de pourpre, fusil pointé,
Vers les étoiles et le soleil.

Une fois l'herbe mûre comme blé,
La faux de nouveau aiguisée,
Et le gazon tondu à ras,
Alors mon trou apparaîtra.

Je le trouverai assurément,
Je trouverai mon grenadier ;
Mais malgré tous les événements,
Mon soldat restera muet.

Il a vécu, petitement,
Dans les bois d'herbe du printemps ;
Fait, s'il pouvait à moi se confier,
Tout ce dont j'aurais rêvé.

Il a vu les heures étoilées
Et les fleurs en train de pousser ;
Et passer les créatures de fées
Dans l'herbe des forêts.

Dans le silence a perdu son oreille
Abeille parlant coccinelle ;
A tire-d'aile le papillon
L'a survolé dans sa prison.

Il se refuse à tout commentaire,
Ne dira rien de son savoir.
A moi de le poser sur l'étagère
Et de fabriquer l'histoire.


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