Jeune Poésie 1988-1991 : 4 Elements et Réactions (7)
Mon seul souvenir de guerre
Mon seul souvenir de guerre est ce bras perdu,
Gauche, droit, qu’importe lequel, il m’en manque un.
Cet hôpital glauque où je me réveille sain
Et sauf ; et cet oreiller maintes fois mordu !
La vie me paraissait si belle avant ceci !
Nous nous aimions, ma femme et moi et aujourd’hui
Dans les bras d’un autre elle se couche la nuit,
Ils s’aiment jusqu’au petit matin sans souci !
Mes balades nocturnes souvent me reviennent
A l’esprit, mes premiers amours et j’embrassais
La vie sans penser que cela pouvait cesser !
Le souffle court, le regard bas, je vis en hyène.
Je suis maigre, je tremble, sans cesse je chique
Ce tabac qui comme la vie n’a plus de goût,
Mes cinq doigts servent à compter mes jours, debout
Pour mieux boire le passé comme un alcoolique !
Quand l’infirmière vient, quel moment délicieux,
C’est la seule femme que je peux côtoyer !
J’urine, elle m’aide, j’aimerais me noyer,
Me noyer et mourir dans ce plaisir vicieux.