pioche en poésie tchèque (15 : Ivan Diviš)
Psaume 62
Une cour balayée couverte d'un sable coloré
comme la langue de saint Jean Népomucène comme le foie de Cagliostro
Une chatte folle se frotte contre une arête
des chiens avec d'autres chiens dansent le krakowiak
Des lettres d'une paranoïaque destinées à son médecin
volent dans la cour je les ramasse je les rassemble
pierres angulaires de mes nouveaux départs
Quand je grimpe au sommet d'un cerisier
Quand je mets sur mes yeux du celluloïd enfumé
je vois au loin cette cochonnerie de Pologne
le lac d'Otmuchiow
Sur le lac les points frémissants des voiliers
au fond de l'un d'eux forniquent
Ivan le Terrible et Arina
Là-bas au village un bureau de poste quelqu'un au guichet
raconte comment il a vécu à Dresde le début d'un raid aérien
- la prothèse de son avant-bras gauche
s'est soudain envolée
Une chatte folle se frotte contre un angle sali
C'est la fin de l'été mais à Noël je serai chez moi
d'un coup j'ouvrirai le portillon
d'un autre j'écarterai les cuisses
On s'assoupira j'aurai récupéré et j'irai me saoûler
Ivan Diviš, Psaumes, 1986