23 novembre 2018
pioche en poésie tchèque (19 : Miroslav Florian)
Le transport du piano
Nous montons un piano au dernier étage,
un piano à queue sur lequel improvisaient Tchaïkovski et les ondées d'avril,
mon dieu, combien de marches encore,
combien de tournants où glissent nos semelles pleines de boue, combien...
L'escalier est étroit, où seulement poser cette chose
une seconde, le temps de souffler -
liés par l'énorme poids, nous ne pouvons voir nos visages,
le dos est toutefois plus éloquent que les regards,
toujours nous regardons le dos de quelqu'un.
La musique, nous ne nous y connaissons pas trop, nous ne sommes allés au concert qu'une ou deux fois, par devoir,
pourtant nous savons qu'il nous faut toujours porter, sans rechigner,
ce piano, notre glorieux cercueil chantant.
Miroslav Florian, Traces, 1960
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