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Sine linea
23 novembre 2018

pioche en poésie tchèque (20 : Heřman Dvořák)

Faussaire

 

la nuit comme ta main qui glisse sans bruit

le tableau prend forme face au tableau

mes yeux se ferment et toujours à la bougie

tu lances les lumières au grain

 

dans mes songes le fleuve dessine

ton dos dans l'herbe

je te cache le soleil avec mes cheveux

sous mon dos maintenant les fleurs qu'on écrase

livrent la dernière explosion au rêve

 

je crie entre peine et jouissance

tu quittes le chevalet

et essuies mes eaux

 

le chat rentre de sa chasse

et frotte à son tour mon épaule

je flotte encore un peu

 

ton Rhône étoilé a des reflets de notre Volyňka

 

dans deux jours tu le livreras

nous quitterons tout ici à nouveau

le chat la maison le village et le fleuve

 

dans deux jours nous pourrons en vivre cent mille

 

Heřman Dvořák, Tumultes, 1974

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