Heřman Dvořák m'a répondu !
Très content ! Ce matin au réveil, j'ouvre mes mails, et là, je vois une réponse du poète tchèque à qui j'avais envoyé un message, sans trop y croire... Je lui avais dit que j'aimais beaucoup ses poèmes, que j'avais découverts dans cette anthologie de la poésie tchèque que je lis depuis deux mois déjà ! Et il m'a envoyé le texte original en tchèque de celui qui m'avait peut-être le plus plu! Je n'y comprends rien, mais c'est beau !
Il s'agissait de Heřman Dvořák et de son poème Faussaire, du recueil Tumultes, de 1974. Et moi qui ignorais s'il était toujours vivant ! Quelle chance ! Il m'a répondu en français, dans une belle langue, manifestant sa surprise qu'on s'intéresse un peu à lui, n'étant pas du tout connu dans son pays d'après lui...
Peu de ses poèmes ont été traduits en français, je me prends à rêver de lui proposer de travailler lui-même avec moi sur une traduction française, et d'en sortir une plaquette... Je pense avoir le culot de le lui proposer dans mon prochain message...
J'envoie souvent des bouteilles à la mer, et je n'ai que très peu de réponses, c'est si agréable de ne pas se sentir aussi seul en poésie !
Ma dernière bouteille envoyée était à Frédéric Boyer, pour ses trois textes composant son recueil peut-être pas immortelle, j'espère qu'il répondra au poème que j'avais rédigé après les avoir lus...
Bon, je ne résiste pas au plaisir du partage de ce texte original ! Si des lecteurs tchèques passent par ici, ce serait intéressant qu'ils me parlent du poème original et de la traduction française...
Padělatel
V noci jako tvoje ruka nehlučně sklouzává
obraz se tvaruje před malbou
mé oči se zavírají a stále pod svicí házíš světla na obilí
v mých snech maluje řeka
záda v trávě
skrývám slunce s vlasy
pod mými zády teď květy, které rozdrtí
dají poslední výbuch ve snu
Plačem mezi bolesti a radostí
necháš stojan
a utíráš mé vody
kočka se vrací z lovu
a zase se otřela o rameno
Pořád se ještě trochu vznáším
tvoj hvězdný Rhône má odrazy naší Volyňky
za dva dny to doručíš
zanecháme vše znovu
kočka dům vesnici a řeku
za dva dny budeme schopni žít sto tisíc
Heřman Dvořák, Tumory, 1974
Pour rappel, le poème en français :
Faussaire
la nuit comme ta main qui glisse sans bruit
le tableau prend forme face au tableau
mes yeux se ferment et toujours à la bougie
tu lances les lumières au grain
dans mes songes le fleuve dessine
ton dos dans l'herbe
je te cache le soleil avec mes cheveux
sous mon dos maintenant les fleurs qu'on écrase
livrent la dernière explosion au rêve
je crie entre peine et jouissance
tu quittes le chevalet
et essuies mes eaux
le chat rentre de sa chasse
et frotte à son tour mon épaule
je flotte encore un peu
ton Rhône étoilé a des reflets de notre Volyňka
dans deux jours tu le livreras
nous quitterons tout ici à nouveau
le chat la maison le village et le fleuve
dans deux jours nous pourrons en vivre cent mille
Heřman Dvořák, Tumultes, 1974