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Sine linea
9 décembre 2018

Heřman Dvořák m'a répondu !

     Très content ! Ce matin au réveil, j'ouvre mes mails, et là, je vois une réponse du poète tchèque à qui j'avais envoyé un message, sans trop y croire... Je lui avais dit que j'aimais beaucoup ses poèmes, que j'avais découverts dans cette anthologie de la poésie tchèque que je lis depuis deux mois déjà ! Et il m'a envoyé le texte original en tchèque de celui qui m'avait peut-être le plus plu! Je n'y comprends rien, mais c'est beau !

     Il s'agissait de Heřman Dvořák et de son poème Faussaire, du recueil Tumultes, de 1974. Et moi qui ignorais s'il était toujours vivant ! Quelle chance ! Il m'a répondu en français, dans une belle langue, manifestant sa surprise qu'on s'intéresse un peu à lui, n'étant pas du tout connu dans son pays d'après lui...

     Peu de ses poèmes ont été traduits en français, je me prends à rêver de lui proposer de travailler lui-même avec moi sur une traduction française, et d'en sortir une plaquette... Je pense avoir le culot de le lui proposer dans mon prochain message...

     J'envoie souvent des bouteilles à la mer, et je n'ai que très peu de réponses, c'est si agréable de ne pas se sentir aussi seul en poésie !

     Ma dernière bouteille envoyée était à Frédéric Boyer, pour ses trois textes composant son recueil peut-être pas immortelle, j'espère qu'il répondra au poème que j'avais rédigé après les avoir lus...

     Bon, je ne résiste pas au plaisir du partage de ce texte original ! Si des lecteurs tchèques passent par ici, ce serait intéressant qu'ils me parlent du poème original et de la traduction française...

 

Padělatel

 

V noci jako tvoje ruka nehlučně sklouzává

obraz se tvaruje před malbou

mé oči se zavírají a stále pod svicí házíš světla na obilí

 

v mých snech maluje řeka

záda v trávě

skrývám slunce s vlasy

pod mými zády teď květy, které rozdrtí

 

dají poslední výbuch ve snu

Plačem mezi bolesti a radostí

necháš stojan

a utíráš mé vody

 

kočka se vrací z lovu

a zase se otřela o rameno

Pořád se ještě trochu vznáším

 

tvoj hvězdný Rhône má odrazy naší Volyňky

 

za dva dny to doručíš

zanecháme vše znovu

kočka dům vesnici a řeku

 

za dva dny budeme schopni žít sto tisíc

 

Heřman Dvořák, Tumory, 1974

 

Pour rappel, le poème en français :

 

Faussaire

 

la nuit comme ta main qui glisse sans bruit

le tableau prend forme face au tableau

mes yeux se ferment et toujours à la bougie

tu lances les lumières au grain

dans mes songes le fleuve dessine

ton dos dans l'herbe

je te cache le soleil avec mes cheveux

sous mon dos maintenant les fleurs qu'on écrase

livrent la dernière explosion au rêve

 

je crie entre peine et jouissance

tu quittes le chevalet

et essuies mes eaux

 

le chat rentre de sa chasse

et frotte à son tour mon épaule

je flotte encore un peu

 

ton Rhône étoilé a des reflets de notre Volyňka

 

dans deux jours tu le livreras

nous quitterons tout ici à nouveau

le chat la maison le village et le fleuve

 

dans deux jours nous pourrons en vivre cent mille

 

Heřman Dvořák, Tumultes, 1974

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Commentaires
C
Génial ! Bientôt un recueil bilingue ;)
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Sine linea
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