lectures au soleil
Librairie Minimum, toujours des trouvailles...
Maurice Fombeure, que je ne connais pas, mort en 1981... Comme si c'était une poésie du dix-neuvième, mais avec de drôles d'accents, presque modernes...
J'ouvre au hasard, et là, je vois qu'il évoque Mafalda ! Cela ne peut être l'héroïne de bande dessinée vu la date...
Caricature
Mafalda balance aux oiseaux
Le gibet bleu de porcelaine,
Ses jambes comme des fuseaux,
Les volutes de son oreille.
Je tourne la valse à l'envers.
Je la tourne à l'endroit pour elle...
- Mafalda, la fille aux yeux verts,
Est pendue près de la tourelle.
Maurice Fombeure
Et puis, Dominique, mon ami libraire, m'offre Rabindranath Tagore, parce que les pages se détachent de l'ensemble...
Si, pour t'occuper, tu veux remplir ta cruche, viens ô viens à mon lac.
L'eau enserrera tes pieds et te babillera son secret.
L'ombre de la pluie prochaine s'étend sur les dunes et les nuage bas se reposent sur la ligne bleue des arbres comme tes sourcils les cheveux alourdis.
Je connais bien le rythme de tes pas, je l'entends battre dans mon coeur.
Si tu dois remplir ta cruche, viens, ô viens à mon lac.
Si paresseusement tu veux rester assise et laisser ta cruche flotter sur l'eau, viens, ô viens, à mon lac.
La pente d'herbe est verte et plus loin les fleurs sauvages poussent nombreuses.
Tes pensées émigreront de tes yeux sombres comme des oiseaux de leurs nids.
Ton voile tombera à tes pieds.
Si tu dois rester oisive, viens, ô viens à mon lac.
Si laissant tes jeux de côté, tu veux te plonger dans l'eau pure, viens, ô viens à mon lac.
Laisse sur la plage ton manteau bleu ; l'eau plus bleue t'enveloppera toute.
Les vagues se feront très douces pour caresser ton cou et murmurer à ton oreille.
Viens, ô viens à mon lac si tu peux y plonger.
Si insensée, tu cours à la mort, viens, ô viens à mon lac. Il est froid et insondablement profond.
Il est sombre comme un sommeil sans rêve.
Là dans ses abîmes, les nuits et les jours ne comptent pas et les chants sont silencieux.
Viens, ô viens à mon lac si tu veux t'abîmer dans la mort.
Rabindranath Tagore
Suis reparti aussi avec un volume de Poètes d'aujourd'hui chez Seghers, sur Joë Bousquet...
Le bourdon du noir
Toute neige est l'image
D'un mal qu'on ne sait pas
Et fête un mariage
Où le jour seul viendra
Ceux qui s'en vont ignorent
Qu'une fois en dix ans
L'absence est près d'éclore
Le coquelicot blanc
(...)
Joë Bousquet
Et le joyau du jour, j'ai trouvé L'ombre de l'eunuque de Jaume Cabré, le génial auteur de Confiteor !
Incipit :
Au bout de beaucoup, beaucoup de temps, assis devant les yeux noirs et le parfait épidermede Julia, je me suis demandé à quel moment exact ma vie avait commencé à se fissurer.
Jaume Cabré