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Sine linea
24 juillet 2020

De Luz-Saint-Sauveur à ? (9)

20200711_213215(2)(Vue de la mer du nuages la veille au soir, depuis la cabane de pêcheurs)

Dimanche 12 juillet

Après une nuit sans sommeil réparateur, au milieu de ces ronflements fous, tout le monde s'est levé à 5h du matin, pour pêcher ou randonner. Je vois que C. n'est plus là, j'entends du dortoir que des pêcheurs disent qu'un randonneur ne parvenait pas à dormir, qu'il serait parti sur le GR10 de nuit, sans lumière, un classique de C. ça, la disparition de nuit !

J'ai attendu que tout ce petit monde décampe pour me lever à mon tour vers 6h. Il ne restait que le jeune futur kiné qui a confirmé les dires des pêcheurs quant au départ de C. dans la nuit.

J'ai quitté la cabane à 6h40, sifflé, regardé partout s'il avait planté sa tente ou tendu son hamac : personne.

La descente fut par moment brutale au niveau des carrières et des mines abandonnées. C'est là que s'est coincé mon genou droit, grosse douleur à chaque pas. J'ai pris un bâton pour me soulager un peu. Je payais les efforts fous de la veille et sûrement la nouvelle angoisse de marcher seul, sans nouvelles de mon compagnon de route.

Je me suis trompé à trois reprises de parcours, moins attentif qu'à l'ordinaire.

La descente fut douloureuse jusqu'à Eylie d'en Haut. Là, j'ai passé 1h30 à chercher C., interrogeant paysans et gardiens de gîte, en vain. Je pense qu'il est devant moi mais j'aurais aimé qu'il me laisse un message, un signe, et qu'il m'attende à des points stratégiques.

J'ai un peu rechargé mon téléphone au village chez les gardiens, et la nouvelle du décès de ma tante, amie d'école de ma mère puis mariée à son frère, m'a bien plombé la journée, déjà bien lourde : genou très douloureux, C. disparu...

J'ai repris péniblement ma route par la montée du col d'Arech, m'aidant du bâton, au ralenti. La douleur prenait aussi toute la cuisse droite. J'avançais comme un escargot, avalant une grande quantité de myrtilles sous un ciel brumeux, dégagé, puis orageux et pluvieux.

Le petit col de 1802 mètres m'achevait, alors qu'on avait enchaîné des hauteurs de 2200 mètres à plusieurs reprises.

Pas grand-chose à manger dans la forêt, une boîte de thon encore. Peu d'eau, journée de plus en plus galère...

Pas de traces de C., j'espère qu'il me devance bien. Sous l'orage, j'ai réussi à descendre au ralenti à la cabane d'Arech en contrebas. Un groupe d'Espagnols à qui j'avais demandé où nous nous trouvions, s'engouffra avec moi dans la petite cabane. Un randonneur, Fabien, s'y trouvait déjà, faisant sécher son linge et lisant un livre de sociologie sur le thème du corps (auteure ?). Les Espagnols partirent vite pour Eylie, et j'ai sombré plus de 2 heures dans une sieste très réparatrice.

A mon réveil, 18h passées, le beau temps était revenu. Je décide alors de marcher encore, j'avais parlé à C. de la cabane de Graouilles la veille, je voulais donc l'atteindre.

J'y parvenais, toujours au ralenti, à l'aide de mon bâton pour soulager mes appuis de la jambe droite.

Une famille d'Allemands, père, mère et fille, finissait de monter leur tente.

Fatigué, 7h40 de marche claudicante, je fis un tout petit feu pour dîner du plat lyophilisé que m'avait donné I., préparé également la semoule pour demain midi, aménagé ma couche à l'étage, repoussant les crottes de souris, lavé ma vaisselle, mes habits et moi-même au ruisseau derrière la cabane et rédigé la chronique de ces deux derniers jours, le huitième et le neuvième.

J'ai interrogé les trois Allemands en arrivant à la cabane, le père prétend avoir vu un randonneur qui correspondrait à C.. J'ai sifflé à tout hasard vers le GR qui remonte au loin, comme ce matin, en vain.

Demain, plusieurs objectifs : ne pas souffrir des jambes, retrouver C., passer la cabane de Besset, le Clot du Lac, Trapech, la Pla De La Lau, la cabane d'Aouen, parvenir au pic du Crabère (pas celui du dessus de l'étang d'Araing), mais je n'ai aucune certitude d'y parvenir, peu de nourriture, seul, douleurs...

A ma mère, je n'ai pas dit au téléphone que j'avais perdu mon compagnon de marche, je l'ai appelée pour la soutenir du décès familial.

21h27, une envie de m'allonger et de dormir ! S'il pleut fort, les Allemands monteront dormir au grenier, on verra bien.

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