Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sine linea
8 mars 2012

Yuichi et la lévitation du pantin famélique (2)

Yuichi et la lévitation  du pantin famélique  (2) (1998)

       J'avais acheté ce pavé avec le stress d'un voleur. Le billet de la valeur exacte du livre remis dans l'extase au bouquiniste et la course dans le vent jusqu'à mon studio, 9 rue de la verge d'or, derrière la place Arnaud Bernard, comme si j'allais le lire d'une traite, 495 pages... Tout ça pour sédimenter davantage ce qui restait de ma table de travail, de mon cerveau... Les conditions de ce troc rappellent à ma mémoire celles que j'échangeais avec le propriétaire d'un manège, dans le parc de mon enfance, dans le treizième à Paris. Je lui jetais le ticket au visage tellement j'avais hâte de tourner sur sa vieille haridelle de bois ! Il me le rendait bien, en me bombardant de sa peluche tout au long des tours toujours trop courts de sa machine.

       Ce matin-là, je n'ai tourné que dans le vent, mon nouveau livre ne s'est pas déroulé tout seul, nous nous sommes encastrés tous deux dans mes affaires éparpillées sur 18m2.

        Sur sa page de garde, des codes échappent à ma compréhension : "2k Sodis 24/4". 2 : le bouquiniste en possédait-il deux ? K ? Sodis : la provenance ? 24/4 : la date ? Et ce k : renvoi à Kinjiki ? Improbable... Seul était clair le prix, 50 F au lieu des 120 du livre neuf, affichés avant d'autres codes qu'on ne lit jamais : 9782070715690, une sorte d'étoile, 89-V A71564 ISBN 2-07-071564-7. Une affaire, 70 F économisé, tranche bien droite, jamais lu.

        Une fois dans mon galetas, je l'ai ouvert, non pour le lire, mais pour rajouter 14/12/97. Une deuxième date la complétera. Exemple : Charles Bukowski, L'Amour est un chien de l'enfer, Grasset, 24/03/93 et 24/03/93, une journée de lecture, trois heures je pense, ou Herman Broch, Les Somnambules, Gallimard, 27/04/93 seulement, pas de deuxième date, jamais fini, ou encore Lewis Trondheim, Imbroglio, L'association, 24/01/98, festival d'Angoulême, 29/01/98... Pourquoi décrire et retenir le rien ?

" (...) Shunsuké dit finalement :

- J'ai un peu mal au genou, ma petite Yasuko. Je vais enlever ma jambe de là. Assieds-toi par là-bas."

Publicité
Publicité
Commentaires
Sine linea
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 118 922
Publicité