et c'est heureux
Un poème, c'est ça, comme celui qui va suivre, on entre par une image heureuse, facile, possible, mais avec le poète de cette période (1923), tout court, tout coule, les pierres et la soie, tout est mélange, sons, heureux mariages, unions improbables. La Parole
J’ai la beauté facile et c’est heureux.
Je glisse sur les toits des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J’aime le plus chinois aux nues
J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes
Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1923