poésie et pat (3)
énième abandon
c'est un vertige
le cavalier blanc ouvre la danse
faussement lointain des forces médianes
le mien effrayé
déjà à court d'idées l'imite en miroir
ma solitude perd
le temps des coups
sa force brute
il continue à se déhancher
avec son serviteur à ses côtés
toujours aussi décentré
sans inspiration je continue de le réfléchir
je suis d'ores-et-déjà perdu
l'identique ne crée pas
le malade s'interpose entre la tour et le page
je renvoie toujours la même image
combien de morts s'éveillent à ces préliminaires ?
la valse du roque nous enchaîne au bord
le coeur qui fait palpiter mes lèvres
me fait rêver d'une nuit blanche
ce n'est que maintenant que le valet
s'annonce au centre mais un seul pas
à quoi joue-t-il ?
je lance sans imagination la même arabesque
je ne suis rien sans elles parties
il présente son jeune compagnon
à la gauche du dernier
le mien propose la même compagnie
pas de lune du silence
des pas et des nuits au coeur
son destrier couvre sa dame
la même union de mon bord se scelle
leurs rires absents trouent mes heures
son valeureux poucet d'un trot
de deux pas enchaînés
mord enfin le carré convoité
toute honte bue le mien lui fait front
c'est ma dernière partie je dois dormir
le deuxième d'un pas plus tranquille
atteint le beau carré
j'ai trop attendu paralysé obsessionnel
je romps la symétrie par ma dame
engagée derrière ma haute sentinelle
tout peut chuter avec moi
il glisse sa tour sous la même ligne
garde lointaine mais directe
mon rempart aussi s'y colle en face
je ne les verrai plus grandir
d'un coup de tête voilà la bête
accolée aux deux éclaireurs
je n'ai pas le temps
le mien recule
et jouxte le despote déjà affolé
au téléphone les silences creusent tout
la première prise blanche
me provoque enfin au centre
j'agis de même
je suis posté au coeur du vide
mes yeux se ferment
j'entends encore le la métallique
du combiné mal raccroché
la lumière bleue baigne mon visage
les secondes défilent
mort plusieurs fois encore