Chocolat de Roschdy Zem

     Un ami qui a travaillé sur le tournage de Chocolat m'avait dit que le réalisateur Roschdy Zem n'était pas un grand cinéaste ; il faut dire qu'il sortait d'autres tournages très riches, dont Saint-Laurent, film d'un artiste sur un autre artiste (Bertrand Bonello et Yves Saint-Laurent). Certes, l'histoire a primé sur l'innovation cinématographique avec Chocolat, mais l'ensemble est réussi, équilibré, touchant. Je n'ai trouvé lourdes que deux ou trois scènes, trop démonstratives à mon goût (le tabassage et la maladie du personnage principal notamment). Toujours aimé le jeu de Roschy Zem (que j'ai vu dans quinze films), je le trouve confondant de justesse, si différent de film en film...

     J'ai vu que le film avait correctement démarré (plus de 600 000 entrées pour la première semaine), souhaitons que cela se maintienne et même augmente, c'est un film populaire réussi qui le mérite, à l'instar de The Artist de Michel Hazanavicius, qui avait gagné des spectateurs très progressivement au fur des semaines, et de Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache.

     Aimé la distribution du film si maligne, cinéphile et efficace : les frères Podalydès en frères Lumière, Xavier Beauvois, Noémie Lvovsky, Frédéric Pierrot, Alex Descas, Olivier Gourmet... Je ne parle pas des rôles principaux, réussis, forts ! Retrouvé avec grand plaisir le petit-fils de Charles Chaplin filmé dans l'arène, de dos, la même nuque que son illustre aïeul, après le très bon Liberté de Tony Gatlif : James Thiérrée, ni de Clotilde Hesme, qui passe des frères Larrieu à Christophe Honoré, Catherine Corsini et maintenant Roschdy Zem de façon naturelle et magistrale, et enfin, bien sûr le rôle-titre tenu par Omar Sy, complet, touchant, puissant et en même temps nuancé et précis.

     L'article semblait débuter en égratignant le film, trop peu créatif, mais il finit par un bravo général, pourquoi critiquer un film populaire qui fonctionne intelligemment ? Chapeau les artistes !