le calice du souvenir
Lu en Gironde des poèmes grecs inconnus de moi. Etranges, décalés et parfois beaux... Celui-ci se nomme :
AUTOCONSERVATION
Ce devait être le printemps
car le souvenir qui arrive
saute par-dessus les coquelicots.
Sauf si la nostalgie
dans sa hâte,
a mal vu le souvenu.
Tout se ressemble tant
au moment de la perte.
Mais la mémoire est peut-être exacte
et ce fond étranger,
et les coquelicots issus
d'une autre histoire,
mienne ou étrangère.
La mémoire fait des coups pareils.
Par amour du beau ou par vanité.
Pourtant ce devait être au printemps
car je vois aussi des abeilles
voler autour de ce souvenir,
et s'entasser avec foi et passion
dans son calice.
Sauf si l'orgasme
est une loi du passé,
un mécanisme de l'unique.
Et s'il reste toujours du pollen
dans les choses achevées
pour la fécondation
de l'expéience, de la tristesse
et du poème.
Le Peu du monde
de Kiki Dimoula (traduction Michel Volkovitch).