21 avril 2017
extrait de mail : ma vie intime intra-littéraire
Tu m'as fait rire avec Moon Palace ! Je t'explique : en 1992, je monte un journal littéraire, "Homme-Mort", dont le principe est simple : chaque rédacteur a droit à deux pages : une de lui et qu'il cite. Une amie poète choisit pour citation Moon Palace, je trouve l'extrait très beau, je cherche le livre, le trouve, le dévore, lis tout Auster, même ses poèmes. Dans "L'art de la faim" d'Auster, qui parle de ses recherches sur les écrivains qui ont parlé de la faim dans leur oeuvre, je tombe sur Hamsun, La Faim, je cherche le livre, et le lis aussitôt ! bientôt 25 ans que je dois à Auster d'avoir découvert Hamsun ! Et puis Moon Palace est central pour moi, intimement ! Avant de rencontrer F., je faisais un rêve récurrent d'une asiatique ! Et le personnage de Moon Palace rencontre son asiatique qui va le sauver de la mort dans son appartement entre les cartons de livres de son oncle décédé je crois bien, Kitty Wu le sauve, ainsi que son ami Zimmer, quelque chose comme ça, qui signifie chambre en allemand, quelque chose comme ça ! Chambre, lui qui se laisse mourir dans cette chambre ! Et puis je rencontre la femme asiatique de mes rêves, F. ! Je lui passe Moon Palace... Voilà pourquoi je ris, Moon Palace est le centre de ma vie intime ! Paul s'appelle Paul à cause d'Auster et Eluard... Et puis, pendant mes études, avec F. à mes côtés, je travaille des mois sur un dossier de recherches sur ceux qui se laissent mourir, ceux qui s'enferment, à partir de la Caverne de Platon, Vendredi ou la vie sauvage de Tournier (le passage extraordinaire où le héros retourne symboliquement dans le ventre de sa mère en se lovant dans une grotte de l'île), Le Parfum de Suskind où Grenouille aussi se fige dans une grotte, s'annihilant ainsi sans odeur jusqu'à renaître par la décision du crime à venir, L'invention de la solitude d'Auster qui développe les mêmes enfermements après la mort du père (repris sous la forme de l'oncle dans Moon Palace)... Auster m'a même fait découvrir des auteurs français, dont le poète Jacques Dupin, d'une sécheresse incomparable, travaillant le vide au corps ! Voilà, excuse-moi ce long développement ! A vingt ans je rêvais constamment de mourir, Auster m'a sauvé, puis Hamsun ! Nos connivences étaient telles ! J'étais un de leurs personnages ! C'est pour ça que j'ai adapté La Faim ! Et je ne parle pas de Cioran, Camus, Kundera, mes pères...
Il me reste à tout finir d'informatiser et à envoyer à droite à gauche, j'ai quelques idées d'éditeurs, mais il faut que je creuse ! Et puis me manque le dessinateur, juste le plus important de l'affaire !
Hâte de vous voir mes amis réels, loin des livres et si proches !
Bises,
H.
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