Le Mal de terre, André de Richaud (1947) (7)
Donc, ce soir-là était un beau soir d'avril. Les yeux des chats jouaient voluptueusement avec la lumière déclinante et les premières feuilles des platanes s'agitaient à l'air frais qui s'élevait de la fontaine. La rue montait et le regard se perdait dans les premiers pins du Ventoux.
La maison d'Ulysse se trouvait à une centaine de mètres du village. Sa femme étant dans une période de crises, il ne voulait plus la voir, craignant de la tuer dans un moment de colère. Il venait donc parler un moment avec ceux du pays et ne rentrait que lorsqu'il était à peu près certain de la trouver couchée. Des fois, elle était étendue de tout son long sur le pavé de la cuisine, les coudes ou le nez abîmés par la chute. Alors il la prenait par les épaules, et la jetait sur le lit en grinçant des dents...