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Sine linea
24 mai 2018

Le Mal de terre, André de Richaud (1947) (9)

     C'était un caraque. En Provence, on appelle ainsi les Bohémiens. Jeune, grand, ses yeux paraissent salis par du charbon. Ses cheveux étaient serrés par un foulard rouge sombre, verni de crasse. Une large ceinture rouge ceignait sa taille et retenait un vieux pantalon de coutil, où par des trous, pouvait s'apercevoir le jeu subtil des rotules. Un tricot de matelot laissait voir ses bras et ses épaules dont les muscles longs circulaient avec lenteur. Un accordéon était pendu à son cou par une corde qui miaulait doucement à chacun de ses gestes. Ulysse et le Long n'avaient jamais rien vu de pareil. Sans façons, le jeune homme, d'un mouvement splendide, enleva la corde de son cou, posa l'accordéon par terre et s'assit près d'eux. Il parlait provençal. Sa voix chantait :

     - Quel pays c'est, ici ?

     - Les Lointes-Bastides.

    - Ben, savez qu'il est pas facile à trouver,  votre pays ! Je le cherchais pas, mais je suis content d'y être quand même. Vous avez pas vu passer des caraques, aujourd'hui ? Non. Il faut être moi pour être venu jusqu'ici. Y a-t-il un endroit où on peut boire, et manger, puis dormir ? J'ai jamais vu, dans ma chienne de vie, un pays pareil.

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