Jeune Poésie 1988-1991 : 3 Rêves (5 Rêve d'amour)
Rêve d’amour
Voulant oublier les femmes
Liszt, éphèbe merveilleux,
Se cloîtra en monastère.
Pensant retrouver sa flamme
Liszt, ascète bien pouilleux,
Se perdit dans l’air austère.
Rien ne venait sous sa main
Mis à part le grand désir
Qu’il repoussait, ah, l’insane !
Et d’aujourd’huis en demains
Il niait tout du plaisir
Jusqu’à ce que cœur se fane.
Son piano devenait tombe
Où fuyait son âme éteinte
Ornée de feux follets morts.
Son piano creusait la combe
De ses créations sans teinte
Se purgeant des soirs d’alors.
Une nuit l’envie revint
Dans un rêve insomniaque
Où cent femmes trônaient nues.
Demain aux couleurs du vin
Coulait enfin orgiaque
Dans sa gorge, infini fût.
Main, à nouveau créatrice,
Sachant saisir les deux corps
Côte à côte aimait l’oubli.
Main, vertu copulatrice,
Faisait naître les aurores
D’une âme sortie des plis.
Liszt, lumineux Liszt au cœur
Déchaîné des pleurs du choix
Plongeait sa vie dans l’amour ;
Dans cette eau où de bonne heure
Nagent cent femmes, Liszt, roi
Composait « Rêve d’amour ».