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Sine linea
28 août 2019

poèmes de circonstance (1: les dés du texte)

Je suis poète la nuit à cinq heures à lire des poèmes en attendant un bus annoncé avec un retard énorme. Enorme comme le sommeil enlevé. Enorme comme le quai vide. Un vieil homme passe, personne n'a de feu pour lui, plus personne ne fume, en-dehors de la planète qui flambe. 

Je suis poète à quitter mon banc pour éviter les acouphènes provoquées par le chasseur de feuilles mortes de la gare. Il y aurait un automne à venir, dans cette tourmente, sans lui et son boucan, on n'y croirait pas.

Je suis poète avec mon sac et mon ventre vides. J'ai dû oublier de les remplir. Faire entrer tout ce qui devra en sortir me fatigue souvent à l'avance. Je vis bien depuis presque un demi-siècle, depuis que l'absence de sens a eu réponse à ce qui m'empêchait de vivre.

Je suis poète à me demander si le chasseur de feuilles est juste malade ou s'il en retire salaire et satisfaction. Aucun message affiché pour le retard. Y aurait-il vraiment un bus, un quai, ou uniquement mes oreilles qui saignent et les lettres de mon clavier portatif qui rallumeraient quelque espoir ?

Je suis poète à comprendre que les hommes défaits qui passent en titubant ont fini de construire le jour qui tarde malgré tout à venir.

Je suis poète, tout est spectacle, cet entre-deux, la nuit, le jour, les heures qui hésitent, les trains sur l'autre quai qui glissent lentement.

)Personne ne lit plus. Encore moins des poètes. Pour avoir une chance d'être parcouru, je relance les dés de mon texte en devenir, soyons fou, je remplace chaque occurrence du mot "poète" par le mot "autiste", ça devrait fonctionner.(

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