recueil poétique : une grande fatigue (2 : barrez-moi)
une grande fatigue
et moi qui deviens aussi con qu'eux
pourtant je les ai lus
je sais comment éviter leurs creux
à ceux qui racontent les histoires
l'autre raté qui dit qu'il en a
un peu marre des héros écrivains
et qui rédige un truc insipide
sur ses mauvais côtés
et l'autre qui nous balance ces personnages 1... 25... 26...
clones d'un gars déjà sans intérêt
et moi qui renchéris avec un roman barré
j'entre dans la danse des types plats
aux récits papier de cigarette
et l'autre encore qui rédige
des saisons comme une série
tous mes con-temporains
alors que la poésie décolle
seule dans son coin
je cède au facile courant actuel
comme l'autre qui nous balance
ses nouvelles sous drogue
petit vain glouton
qui monte aux nues des auteurs
creux des U S A
je cherche la re-con-naissance
revenir dans le con
avec les cons
dans l'antichambre
du film burlesque
tous avec des bonnets blancs sur la tête
en attendant de décharger
blancs bonnets filandreux
alors que la poésie se libère
on traîne des pieds
dans la fange du roman
l'autre folle qui nous raconte
ses cinquante mecs enchaînés dans son fourgon
les semences qui débordent d'elle du fourgon du roman
et nous qui lisons ses exploits en forme de galipettes
alors que naît encore la poésie
l'autre malade qui collectionne les plaques de rues de Paris
jusqu'à collecter le nobel
pendant ce temps-là les vers renaissent
et l'autre qui nous implore de la b...ser
underground ou pas quel intérêt
j'y vais la tête la première dans ce cloaque
aimez-moi moi aussi j'implore b...ez-moi
assez d'autres qui fuient le travail
dans ce titre verbal Fuir
assez de celui-là qui décline à l'∞
ses versions de roman sur le net
assez de toi qui écris dans
toutes les déviances de la société en-magazinée
d'un coup et hop un bébé jumeau jeté par la fenêtre
encore que j'ai ri à ce moment-là
assez de moi qui m'y vautre
écrivains comme cochons
mots comme fange
assez dégorgé de bière et autres listes à l'∞
de nos envies enviées et envieuses
chante mon ami chante
"de l'avoir plein nos armoires"
au moins toi
tu renais mon phénix
mon oiseau pourpre
"comme on nous parle"
oui tu as raison
assez des et si c'était niais et cie
jetez le bébé et les eaux
écoutez bruire la chute la cascade
de vos histoires en fleurs d'envies en plastique
écoutez ce creux même quand le bébé
heurte vos carreaux de carrelage
vos romans de faïence enfantins
écoutez ça sentez la fuite la beauté dans
"L'arc de fer de mon parcours de fuite sur ma faiblesse se retourne"
sentez le creux après le vent qui vous balaie
qui vous retourne
sachez que
les nuages ont une course au-dessus
et tout est rond jour pluie vent et nuit
tirez-moi de là
continuez de m'exclure de vos danses de salon
refusez-moi encore
barrez-moi
que naissent encore encore
les fleurs malades
boutez-moi hors
b...ez-moi encore encore
que je m'ébahisse devant
"l'enfant leva son biscuit et créa la lune"
tiré d'un recueil que vendait un homme des rues
un homme de rien
un recueil de poésie
de poèmes d'inconnus
à dix francs
fermez-moi les portes de vos tirages
confortez-moi con-fortez ma solitude
que je ne figure pas en tête de gondole
que je continue à lire tout rouge de gêne mes poèmes
autant de plaies de moi coulant
dans une petite librairie de rien
avec d'autres poètes mes frères mes soeurs
chantons encore
"Sa première seconde : l'illusion de la mer"
l'illusion de la mer les senteurs la naissance
excluez-moi encore
ne vous abonnez pas ne me likez pas
pas de pouce pas de coup
pas de coupe
laissez le soleil cou coupé
de mes enfances
le joujou du pauvre n'y touchez pas
continuez avec vos romans-photos
éloignez-vous de la prose du Transsibérien
laissez les ardoises au toit
laissez les lucarnes la lune passer
laissez maudire les maudits
ne me prenez pas avec vous
continuez à décrire vos vies transparentes
laissez battre la campagne
lâchez les cosmogonies portatives
greffez-vous vos portables
prenez-moi en grippe encore
fermez-moi les portes au nez
barrez-vous
ne comprenez pas
"mon coeur est un seau qu'on a vidé"
rédigez en lettrines vos latrines
aisez-vous dans ces lieux
et videz-vous et videz-les
laissez-nous les zones blanches
nos grandes fatigues
vous dans les histoires sans paroles
et nous l'inverse