L'arbre à fric (Jour 4, 28/09/2019)

Samedi 28 septembre

     La nuit fut sans problème. J’avais enfoncé mon bonnet jusqu’aux yeux pour lutter contre les moustiques et le jour naissant. Avec mes deux pinces à linge, j’avais réussi à fermer le hamac au-dessus de moi.

     Denis ça va à peu près, lui a été bien piqué par les moustiques, je l’entendais se battre contre eux la nuit.

     On a juste le moral dans les chaussettes, on n’ose plus trop parler de nos rêves de thunes faciles…

    On grignote et on file vers la route, la fameuse route où on est censés nous embarquer pour bosser…

     Il est tôt, on pense qu’il devrait y avoir du passage. Des patrons, des employés, de tout…

« Me and my niggas tryna get it, ya bish (ya bish, ya bish)
Hit this house lick tell me is you with it, ya bish (ya bish, ya bish) » K.L.

     On recommence notre cinéma, sourire, dents blanches, sécateurs en l’air et le carton qui vante nos capacités… Une heure, deux heures, trois heures, rien… Des flics sont passés, on a juste eu le temps de jeter notre panneau et de ranger nos Fiskars dans la poche, juste à temps… Je ne sais pas ce qu’ils auraient fait sinon…

      Dans l’après-midi, on craque, retour à la ville, petites courses, une bière au même pub qu’hier. IPA à flots. La population locale n’est guère engageante. On ne traîne pas trop malgré notre envie d’en boire d’autres, il faut retourner au spot, il fait jour encore, bien pour trois heures avant la nuit.

     On dégaine à nouveau notre attirail. Rien. Toujours rien…

« La lune a fait un trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune ! » T.C.

     La nuit tombée, on se replie, dans le même coin que la veille. C’est fichu, on n’y croit plus. Comment on va survivre, comment on va se payer le billet retour ? Je ne demanderai rien à mes vieux, plutôt la prostitution !