Au revoir Claude
Claude Régy, grand metteur en scène, est parti dans la nuit de mercredi à jeudi. J'ai eu la chance de le croiser trois fois. Pour deux de ses mises en scène (Pessoa et Fosse) à Toulouse, il était avec nous dans le public, attentif, silencieux, immobile, pendant la représentation. Ses spectacles sont hors du commun : je voyageais avec l'acteur sur scène, dans mes propres songes et obsessions ! Je naviguais, quittais le récit, l'ambiance, et revenais, tremblant à la scène, tout à fait perturbé, atteint. Surtout sur Ode maritime, d'après Pessoa.
La troisième fois, c'était plus intime, à la librairie Ombres Blanches. Arnaud Rykner le présentait, revenait sur les questions du silence, de l'espace, du rythme, des ressentis. Avec mon micro, j'ai tout enregistré, et dans mon film sur Arnaud Rykner, j'ai réutilisé leurs paroles sur quelques secondes, parce que Claude Régy m'avait répondu par mail qu'il refusait que je le filme pour mon documentaire, m'expliquant gentiment mais catégoriquement qu'il préférait le théâtre à la mise en boîte.
Merci de votre trajectoire si particulière, si vibrante. Pour votre sensibilité et votre intelligence si fines !