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Sine linea
8 janvier 2020

L'arbre à fric (Jour 43 et dernier écrit, 06/11/2019)

Mercredi 6 novembre

 

     Obligé de prendre des repères pour noter nos aventures maintenant…

    Mardi 5 novembre, 11h. Dans la salle d’attente. On s’est levés tôt avec nos indiennes préférées. Direction K’ima:w Medical Center. Denis a mieux dormi. Il était moins agité que la journée. On attend le verdict. Elles ont l’air de ne pas s’en faire. Denis et moi, bof…

 

    13h, Au resto du coin, on offre le déjeuner à nos hôtesses ! On trinque ! Rien ! Pas de venin, ça va dégonfler ! Il finit de prendre ses anti-douleurs et après ça devrait aller !

 

    Jusqu’à 18h : on a traîné en ville, on a bu des bières, on flotte…

 

    Dès 19h : arrivés au camp indien, les grandes cheffes fêtent notre soulagement ! On est une vingtaine, barbecue, bières à flots ! Le copain du cousin, un certain Warren, au deuxième nom amérindien « Canaqueese » nous fournit en dope. Une bonne herbe d’ici, bien sûr. Il bosse dans une méga propriété, il sait pour nous, notre plan, ici, c’est facile à comprendre. Il n’était pas là hier, on lui a raconté les mésaventures des frenchies, du coup il a voulu nous rejoindre. Sacrée bête, costaud comme tous ici, un torse de malade !

 

    Nuit : fou ! Fête ! Tout à flots, folie, rires, impossible de s’arrêter ! Denis qui lève haut son doigt bleu comme le prophète d’une nouvelle secte !

 

    14h d’aujourd’hui : Canaqueeeeese nous a pris sous son aile de géant ! Les dieux indiens nous sourient ! On a franchi les portes du paradis dans le large sillon de notre protecteur. Une usine à rêves ! On est 120 ! 120 à secouer l’arbre à fric, cocotier velu à alléger, étêtons ! Il nous a présentés aux patrons : cinq gars bien perchés ! On doit faire le taf et coucher sous tente, dans le champ en lisière de forêt. On est au-dessus de Hoopa, on a tourné et viré dans la colline, perdus sur les pistes blanches. Jamais vu autant de jeunes dingues de toute la planète ! Tous les pays, toutes les origines manient les sécateurs, musique, rires, une colo leur truc ! Une trentaine de français !

 

     21h toujours aujourd’hui : voilà, les brebis ont regagné le troupeau, puissance 10 celui-là ! Denis ne peut pas couper, trop mal au doigt… Alors, il est avec une dizaine d’autres clampins dans une salle plus petite, à part, ils préparent des milliers de joints qu’ils fourrent dans des enveloppes à bulles pour des milliers de clients ! Il a même eu du mal à rouler, le vieux rattlesnake ! Il a plus rempli les enveloppes qu’autre chose… Moi, j’ai enchaîné les pounds, une vraie machine !

 

     23 h, au cœur du jardin d’Eden, on fumait, tranquille, au coin du feu, fourbus, mais bien légers avec l’herbe qui dévissait les nœuds de nos corps et de notre cerveau, un à un, je les entendais tomber, résonner, nos nœuds, nos vis, un de ces joyeux bordels ! Les français sont là depuis le début de la saison pour la plupart. Ils nous disent qu’il nous reste bien trois semaines de travail intense. Après seuls les habitués, les locaux resteront, et nous, les trimmers, on partira au compte-gouttes, par les 4/4 des patrons, pour Hoopa, Arcata, Eureka, discrètement si possible. La ferme est tellement grande qu’ils n’ont pas de soucis avec les règlements, ça doit bien graisser des pattes ici… Tout est légal ici, plus de la moitié a bien le droit de travailler, le reste, nous, faux touristes, on nous laisse tranquilles… On fumait tranquille donc, et qui on voit ? Impossible que vous trouviez (depuis que j’écris nos aventures, j’ai l’impression d’écrire à quelqu’un, vous, mais qui?) ! Non, pas Ursula ni Karin, trop facile ! Ni les espagnols de notre premier taf, ni notre jogger fou, ni les canadiens, mais… toujours pas ? Viorica ! La Moldave ! Avec ses potes ukrainiens ! Denis a vrillé, et moi aussi je dois dire, elle est tellement…

 

     Dans la tente, ma frontale donne des coups de mou, ça clignote, le faisceau est plus faible. Quant à mon écriture, je ne vais jamais réussir à me relire ! J’ai pris une décision, une lourde, comme les portes de notre paradis infernal : j’arrête d’écrire ! Ce n’est pas pour moi ! Comme un con, penché sur le carnet toute la journée, toute la vie, comme Henri Miller qui exulte après avoir couché quelques milliers de mots, comme un gamin, qui décompte ses douleurs musculaires et de crâne… non merci !

     Moi je fume et je regarde monter les épais nuages de mon herbe qui s’accrochent aux branches et qui maquillent la lune… le son pur dans nos oreilles autour du feu, « ya bish »… On est dans notre rêve, ça y est, pourquoi parler du retour, pourquoi rentrer...

 

« Dreams of living life like rappers do (like rappers do, like rappers do)
Back when condom wrappers wasn't cool (they wasn't cool, they wasn't cool)
I fucked Sherane then went to tell my bros (tell my bros, tell my bros
)
Then Usher Raymond "Let it Burn" came on ("Let it Burn" came on, "Let it Burn" came on)
Hot sauce all in our Top Ramen, ya bish (ya bish, ya bish)
Parked the car then we start rhyming, ya bish (ya bish, ya bish)
The only thing we had to free our mind (free our mind, free our mind)
Then freeze that verse when we see dollar signs (dollar signs, dollar signs)
You looking like an easy come up, ya bish (ya bish, ya bish)
A silver spoon I know you come from, ya bish (ya bish, ya bish)
And that's a lifestyle that we never knew (we never knew, we never knew)
Go at a reverend for the revenue
... »

K.L.

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