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Sine linea
16 octobre 2022

comme des glyphes

je me souviens, j'écrivais, c'était comme un souffle, des vols au temps et aux étreintes, oui, de celles, les étreintes, qui n'avaient plus ni de lieu ni de corps, qu'en tête, l'abandon des abandons, la reprise des douceurs par les mots, comme on tisse, mais je ne savais ni coudre ni rien, ni alors ni maintenant, j'écrivais, disons que les mots se parlaient entre eux, ils savaient se tresser sans que j'intervienne du tout, c'étaient des blocs étrangement taillés, des coups de dés nerveux, des combinaisons heureuses ou non, malgré moi, malgré le langage qui s'aplatissait de partout dans les jours, et je combinais avec ces combinaisons, ouvert et surpris, le corps projeté jouissant des empreintes et des plis des sons dont l'écho s'installait à l'intérieur de moi, jusqu'à s'asseoir dans une forme qui leur convienne, c'était du brouillon oral, de la pâte du dedans qui par les fissures de ses origines cuisait de la sorte jusqu'à cette certitude improbable qu'elle s'amusait à incarner en des phrases qui ne s'étiraient même pas complètement jusqu'aux bords des papiers, comme en manque de souffle, en remontée de plongée, sans respecter de quelconques paliers, nerveusement et intimement

ce n'est que maintenant que je peux traduire un peu la matière de ces mots rassemblés, que je devine à peu près le rêve réalisé du rideau déchiré, les flux en jeu qui perdaient tout jusqu'à la voix du dehors, écrasant les pourquoi d'un pas lourd de certitude et de fuite

que maintenant que le mot poésie aurait pu se vider de tous les sens creux qu'on voulait lui faire avaler

j'ai souvenir de la trace

ça m'ira

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