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Sine linea
3 avril 2016

Renaître aux mains : 3 Par les mots A Parenthèse michalienne

3 Par les mots

 

 

La poésie, c'est les paroles éparses du réel. Paz

 

 

 

A

Parenthèse michalienne

La nuit remue, Henri Michaux, 1935.

 

    «  Sous le plafond bas de ma petite chambre, est ma nuit, gouffre profond.

   Précipité constamment à des milliers de mètres de profondeur, avec un abîme plusieurs fois aussi immense sous moi, je me retiens avec la plus grande difficulté aux aspérités, fourbu, machinal, sans contrôle, hésitant entre le dégoût et l'opiniâtreté ; l'ascension-fourmi se poursuit avec une lenteur interminable. Les aspérités de plus en plus infimes, se lisent à peine sur la paroi perpendiculaire. Le gouffre, la nuit, la terreur s'unissent de plus en plus indissolublement. »

 

Elle remue toujours

 

sous le plafond de ma petite chambre

est ma nuit

gouffre profond

précipité constamment

à des milliers de mètres

de profondeur

avec un abîme plusieurs fois aussi

i m m e n s e

sous moi

je me retiens avec la plus grande difficulté aux aspérités

fourbu

machinal

sans contrôle

hésitant entre le dégoût

et l'opiniâtreté

l'ascension-fourmi se poursuit avec une l e n t e u r

i n t e r m i n a b l e

les aspérités de plus en plus infimes

se lisent à peine sur la paroi perpendiculaire

le gouffre

la nuit

la terreur

s'unissent

de plus en plus indissolublement

 

8 mars 2012

 

Comme un soleil sans tour

 

       Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.

   Je feuillette Michaux toute la journée, tous les temps bien creux de ma journée. Le soleil s'en est allé, les enfants ont mangé, dorment et le livre est resté, ouvert et tournant seul ses pages, comme autant de vagues sur la grève, comme autant de langues sur mes plaies.

    De la souffrance, j'en accumule, je ne tire profit que d'elle. Ses excroissances me donnent un souffle court mais un souffle tout de même. Comme une haleine de chiens dirait Michaux toujours, le Michaux des nuits et des rêves, celui qui fait dormir sa noceuse dans les puits, pour voir.

    Des autres, ceux qui remuent encore autour de moi, j'aspire toutes les pertes, les dégringolades et les angoisses. Je feins de les rassurer pour mieux sucer cette sève maladive.

    Je reste seul avec mes pages non écrites au jour qui joue à se lever pour me voir faillir, tourner sur moi, comme un soleil sans tour.

   Aux yeux perdus je livre ce vrac dans ces nuits bleues et verticales sur lesquelles on frappe notre misère.

    Enfouissez-moi, encore plus profond, au pied des racines noueuses et noires, sous vos orbites désertées.

07 mai 2012

 

Remuant toujours

Indissolublement, s'unissent la terreur, la nuit et le gouffre.

07 mai 2012

 

Toujours remuant

Le gouffre, la nuit, la terreur s'unissent de plus en plus indissolublement.

07 mai 2012

 

La nuit à la renverse

 

Indissolublement, s'unissent la terreur, la nuit et le gouffre. Sur la paroi perpendiculaire, de plus en plus infimes, les aspérités à peine se lisent. Avec une lenteur interminable la fourmi poursuit son ascension ; l'opiniâtreté et le dégoût me font hésiter, sans contrôle, machinal, fourbu, aux aspérités me retenant avec la plus grande difficulté, avec sous moi plusieurs fois aussi immense un abîme, de milliers de mètres de profondeur qui constamment me précipite.

Gouffre profond, ma nuit est sous le bas plafond de ma petite chambre.

Michaux Henri

07 mai 2012

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